Georges Brassens était un auteur-compositeur-interprète français, né le 22 octobre 1921 à Sète (alors Cette) et mort à Saint-Gély-du-Fesc le 29 octobre 1981.
En 1951, il rencontre Jacques Grello, chansonnier et pilier du cabaret le Caveau de la République, qui après avoir écouté Brassens tente de l'introduire dans les cabarets parisiens. Malgré plusieurs apparitions dans différentes petites salles, Brassens, qui entonne pourtant les chansons qui feront ses premiers succès (cf. La Mauvaise Réputation) ne s'impose pas. Sur scène il est particulièrement mal à l'aise et préférerait de beaucoup avoir des interprètes.
Essuyant échec sur échec, Brassens n'est pas loin de tout abandonner. Mais Roger Thérond et Victor Laville, deux copains sétois, continuent de croire en lui, et vont lui obtenir une audition qui le lancera dans le monde de la chanson : un rendez-vous avec Patachou dans son cabaret. Comme pour chaque audition, Brassens hésite, « À quoi bon ? Cela va encore se passer comme les autres fois… », mais ses deux copains insistent et le 6 mars 1952, ils se rendent tous les trois au cabaret. Il chante pour Patachou qui est immédiatement séduite. La chanteuse l'invite à venir dès le lendemain pour sa première prestation ; les échecs successifs de Brassens ne lui font pas peur le moins du monde : « Vous resterez ici le temps qu'il faudra ! Les gens finiront bien par vous écouter ». De petites protestations de Georges, qui avait dans l'idée de prendre Patachou comme interprète et non pas de chanter lui-même, sont très vite étouffées par celle qu'il surnommera plus tard la « tigresse » : « Bien sûr je vais t'en prendre quelques-unes ; mais vous comprenez bien que Le Gorille, Corne d'Aurochs ou La Mauvaise réputation ne sont pas pour moi. Personne ne peut les chanter mieux que vous… ». Le lendemain, Brassens est mort de trac. Lorsqu'il monte sur scène, il n'a pas un salut, pas même un regard pour le public, ses premiers mots sont : « C'est à travers de larges grilles… » (Le Gorille). Pierre Nicolas, le voyant si seul, empoigne sa contrebasse pour souligner le rythme et les changements d'accords. Une collaboration de trente ans commence... Après six chansons, Brassens sort de scène comme il est entré : pas un mot, pas un regard.
Mais le succès est là. Pour la première fois, le public l'a écouté et apprécié. Dix-huit mois plus tard, il sera en tête d’affiche à Bobino. Le succès est fulgurant. Patachou le présente très vite à Jacques Canetti, génial découvreur de talents (Charles Trenet, Édith Piaf, Jacques Brel et bien d’autres) et qui est à l’époque l’homme le plus influent dans le milieu de la chanson. Pendant l’été, Brassens fait sa première tournée en compagnie des Frères Jacques et de Patachou. Avant la fin de l’année 1952, il a enregistré chez Philips, dont Jacques Canetti est le directeur artistique, une dizaine de chansons destinées à sortir progressivement au rythme de deux titres par 78 tours. Suivront trois ans pendant lesquels Brassens le casanier sillonne la France, la Suisse et la Belgique, de cabarets en music-halls, de casinos en salles de theâtre. C'est la consécration.
Brassens qui a longtemps hésité entre une carrière de poète et celle de chanteur (ou du moins d’auteur-compositeur) est maintenant lancé dans la chanson. Mais ce n’est pas par dépit qu’il a fait ce choix, contrairement à Serge Gainsbourg qui aurait voulu devenir peintre et qui disait considérer la musique comme un art mineur. Il considère que la chanson est une chose bien différente de la poésie, un équilibre entre le texte et la musique et que c’est un don qu’il possède, que de placer un mot sur une note. Ainsi, Brassens ne croyant pas en son talent pour devenir poète se lance corps et âme dans la chanson, et loin de la considérer comme une expression poétique au rabais, s’attache à écrire les meilleures possibles. Extrêmement exigeant lorsqu'il s'agit de son travail, il écrit ses chansons très lentement, les maniant et les remaniant, changeant un mot, remplaçant une image, jusqu'à ce qu'il considère qu'il ne peut aller plus loin.
Ceci ne l'empêche pas de publier en 1954 La Tour des miracles son second roman, qu’il avait fini d’écrire depuis 1950, et un ultime recueil de poèmes : La Mauvaise Réputation qui réunit en fait quelques textes de chansons (inédites pour certaines) et un long poème : Les Amoureux qui écrivent sur l’eau.