Si Amplifetes est un mot inventé, on aura pas du mal à discerner le verbe « amplifier » derrière. Et ce n'est pas tout à fait un hasard si le quatuor suédois (de Stockholm) le plus buzzé du moment (sur la blogosphère et les blogs qui comptent) s'est choisi ce patronyme. The Amplifetes font dans le maximal, les beats qui dynamitent les chapelles musicales et les hymnes dancefloor pleins de sueur et d'adrénaline. Basses dopées aux acides, refrains power-pop, synthés montés sur ressorts, leur premier album éponyme est à l'image du single surpuissant « It's my life » qui avait réveillé la FashionWeek en étant synchronisé (en 2009) sur une pub Roberto Cavalli avec Milla Jovovich.
Les premiers chocs musicaux des quatre garçons (Peter, Jonback, Tommy et Korpi) étaient d'ailleurs puissantes et burnés. Peter, originaire d'une petite ville du Nord de la Suède, Falun, (tout comme Jonback), écoutait de « la musique avec des tripes. Les Sex Pistols en avaient. ELO aussi ». Tommy (né à Gothenburg comme Korpi) a découvert la musique avec Johnny Cash et Status Quo, dont les riffs monotones annoncaient l'hypnotique musique de club pour laquelle il se passionnerait plus tard. Pour Korpi, entendre les Clash a ouvert un nouveau monde de possibilités. Peter se souvient : « Nous avons touts grandi dans des maisons où tout le monde jouait des disques et des instruments tout le temps. Pour moi, le déclic ça a été Elvis, puis les Beatles, dont je voulais absolument infiltrer l'énergie. »
C'est autour de ces influences variées, des années 60 (le Velvet Underground en tête) à la house de Chicago, en passant par les Ramones, XTC, Elvis Costello, David Bowie, Kraftwerk, Devo, Prefab Sprout et Jean-Michel Jarre, que les Amplifetes qui se sont rencontrés il y a quelques années seulement avec l'idée de faire de la musique combinant leur discothèque. Peter compare leurs ambitions à « une cocktail party, où on ajoute des ingrédients et on attend de voir ce qui va se passer. Peut-être Syd Barret va se barrer avec Marilyn Monroe, qui sait? »
Mais en attendant de tester leurs propres mixes, ce seront d'abord pour les autres que dans l'ombre, les Amplifetes produiront de la musique. Ils ont ainsi écrit des chansons pour Grandmaster Flash, Madonna, Peter Bjorn & John et Kelis.
Ils ont ainsi acquis un certain art de la mélodie accrocheuse et de l'efficacité mainstream, qui s'insinue dans les esprits avant de s'attaquer aux jambes qu'ils adaptent aujourd'hui à la formule The Amplifetes. A l'aide de l'analogique, de vieux synthés, de logiciels, et d'instruments organiques (guitares, glockenspiels, harmoniums indiens, cithares et autoharpes), ils élaborent de véritables hymnes dancefloors capables de réveiller un mort.
« It's my life » est un tube électro rock entêtant (dans sa forme) et légèrement ironique (dans sa forme) sur notre époque moderne, la vie dans une grande ville et les codes de la coolitude actuelle, avec ses paroles que ne renierait pas Bret Easton Ellis : « My TV's from Taïwan and the jacket´s from Sweden, I got sneakers from Spain and I don't even need them, it's my li, li, li, li, life ».
« Whizz Kid » (« gamins malins ») évoque avec humour le James Murphy de « Losing My Edge », en listant des noms cultes de la culture indé : Charles Bukowski, Kubrick, Kafka, Taxi Driver, Sam Peckinpah...Des noms qui ont nourri l'univers des Amplifetes autant que la pop culture et les chansons formatées radio.
« Somebody New » leur nouveau single en date est un pop-song vitaminée aux BPM à la mélodie d'une évidence confondante façon Suicide rencontre The Police dans un pub de Memphis. Abordant les aspirations fiévreuses de nouveauté et d'excitation, le morceau met en scène deux personnes dont on ne sait rien qui se rencontrent et dialoguent à propos d'un projet de road trip. On se retrouve alors embarqué dans un voyage vers une boite de nuit aux remontées mi acides (house) mi (groove) psychédéliques où les punks et les rockeurs peuvent pactiser sous la boule à facette.
Le reste de ce premier album est de cette trempe : de l'electro-pop-rock décomplexée empruntant à toute l'histoire de la musique et ne manquant de faire réfléchir entre deux danses/pogos sous la boule à facette. Avec quelques ballades pour reprendre son souffle...
Dans Amplifetes, il y a « amplis » : sortez les enceintes, appuyez sur play, montez le son (à fond), et laissez vous emplir par ce blockbuster venu du Froid qui ne manquera pas de réchauffer les pistes de danse et cœurs de la planète.