Oubliez toutes vos idées reçues avant d’écouter son nouvel album : Yuksek est un musicien de son temps qui n’a que faire des étiquettes et des chapelles. Beaucoup plus qu’un producteur, un bidouilleur de machines ou un clubber, Yuksek est un artiste libre, porté par une inspiration qui ne s’autorise plus aucune limite.
C’est bien ce que veut dire le titre de son deuxième album, Living on the edge of time. Etre à l’affût, ne jamais regarder en arrière, aller toujours de l’avant, inventer la musique de demain, au diable les puristes !
Toujours plus d’ampleur mélodique, de passion, de sentiment et une vision panoramique du son qui emporte tout sur son passage, Living on the edge of time, le deuxième album de Yuksek, garde intact le souffle et la puissance du dancefloor mais le transpose dans un univers radicalement pop. Prolongement direct d’Extraball, So far avay from the sea ou I could never be a dancer - les titres les plus mélodiques de son premier album Away From The Sea -, les chansons de ce disque inventent une écriture qui se joue des formats et des codes. De la pop d’aujourd’hui tout simplement, portée par un « songwriting » moderne, à la fois puissant et raffiné.
Rappel des faits. En 2009, son premier album Away From The Sea incarne le renouveau de la scène électronique française aux côtés de ses amis Brodinski, Breakbot et les Birdy Nam Nam (dont il a produit l’album Manual for successful rioting, Victoire de la Musique électronique 2010). Instantanément, Tonight devient le tube emblématique de la génération haut-débit. Phoenix, Gossip, Gorillaz, Whites Lies ou même Lady Gaga lui commandent des remixes. Mais Yuksek est déjà ailleurs.
En 2009 et 2010, il tourne dans le monde entier. Des centaines de concerts de cette tournée marathon, du contact avec le public et de l’expérience d’être sur scène soir après soir, naissent bien des idées, bien des envies et une vision de la musique des années 10 plus affirmée encore. Living on the edge of time est l’enfant de cette longue tournée, de ces voyages, de ces moments où même très entouré, Yuksek se sent parfois isolé. Et c’est à la maison, à Reims, sa ville natale où il vit encore loin du tumulte, que Pierre Alexandre BUSSON (de son vrai nom) a choisi d’enregistrer.
Yuksek a entièrement composé, produit et chanté seul Living on the edge of time, conscient que trop de « featuring » transforme les albums en compilation désincarnée. Souvent très personnels et pas toujours hédonistes, les textes de l’album évoquent aussi bien l’amour et les aléas de la vie de couple (To see you smile) que le besoin de solitude (On a Train). Les chansons font souvent référence au mouvement, à la vitesse qui caractérise si bien notre époque (Always on the run). Avec toujours un souci de perfection, un goût accompli pour la composition qui n’a rien de surprenant de la part d’un musicien formé au conservatoire, ancien bassiste du groupe Klankuage aimant autant les Doors que la house de Chicago.
S’il est un solitaire comme bien des producteurs, Yuksek est aussi un homme de bande fidèle en amitié. A Reims, une ville qui incarne aujourd’hui ce que Rennes a pu représenter dans l’histoire de la musique des années 80, il a réuni au sein du « Magnificent Champagne’s Choir » ses amis The Shoes, Alb, About The Girl ou The Bewitched Hand (dont il a mixé le premier album) pour enregistrer les chœurs de plusieurs morceaux, lors de deux journées de studio mémorables. Son plaisir à travailler en groupe, Yuksek l’exprime aussi par ses collaborations - avec Brodinski, Ebony Bones, The Magician (Stephen Fasano, ex Aeroplane)ou Kid Sister -.
Quand une scène entière se préoccupe davantage de la mélodie des mots que du sens des textes, utilisant la voix comme un instrument de plus, Yuksek écrit et compose des chansons qui vous emportent sur la piste tout en ayant un vrai propos. Comme hier The Cure, OMD, Gary Numan ou Human League et toute cette vague « synth pop » dont il a réinventé l’esprit sans jamais le singer, Yuksek parle à vos jambes, votre tête et votre cœur.
Sur scène Yuksek se produira désormais entouré de deux autres musiciens pour que le live ne se limite pas une simple performance technique mais prenne toute la chair et l’ampleur que méritent ses nouvelles chansons. Gageons qu’il puisera au long de cette tournée pleins d’idées nouvelles pour d’autres grands disques à venir. Vous n’avez pas fini d’aimer Yuksek !
(Savoir Faire – Sound of Barclay / Universal)